D'aspect extérieur, habillée de son carénage et de sa selle en carbone/kevlar, la machine de Production ressemble fortement à une RC30 d'origine.
Cette RC30 bénéficie pourtant de deux ans de mise au point (sans compter l'endurance), ce qui en fait la machine la plus évoluée du plateau
Production en 1989.
Quel moteur !
Une fois que l'on a pris le guidon de cette RC30, on se demande quel moteur pourrait être meilleur, plus performant, plus facile à utiliser. Ce moteur est étonnant ; plus
encore, il est démoniaque ! Déjà, rien que le bruit vous ensorcelle, et en plus il y a des chevaux à tous les régimes, et quelle que soit l'ouverture de la poignée de gaz. Le
V4 est exploitable par n'importe qui, on n'a pas affaire à une espèce de monstre plein de chevaux indomptables, capricieux ou hauts perchés. Non, ici tout est agréable,
facile, tout se passe en douceur. Mais, méfiance... Cette douceur peut être trompeuse. Tant que l'on reste dans des régimes "de croisière" tout va bien, mais si l'on
essaye de taquiner la zone rouge, alors là ça se corse. Ce n'est plus de la conduite, mais du pilotage...
La position de conduite est résolument sportive, à l'image de la RC30. Avec beaucoup de poids sur les avant bras, ce n'est pas une position franchement naturelle, il faut
s'y habituer. Après quelques tours, on commence à sentir les réactions de la Honda, mais pour l'exploiter au maximum... La partie cycle réclame un pilotage franc, il faut
être le patron à bord et le lui faire savoir. L'entrée en virage demande une légère pression sur le guidon, mais une fois dans la courbe, elle veut y aller un peu plus. En
deux mots, il ne faut pas hésiter pour garder le bon cap. Idem en sortie de courbe, la RC30 s'écarte de la trajectoire, une seule solution, la mettre sur la roue arrière et
terminer la courbe en weeling ! Facile à dire... Plus raisonnable, il suffit de la maintenir avec une certaine fermeté. Ce sur virage en entrée et le sous virage en sortie
s'estompent au fur et à mesure que l'on attaque ; plus on va vite, moins on les ressent.
La géométrie du châssis aide à la mise sur l'angle et donne à la moto cette agilité dans les enchaînements. Reste à y adopter son pilotage pour en tirer la quintessence.
Freinage en ligne droite jusqu'à la corde, petit virage style Grand Prix, et accélération en redressant la moto pour sortir en glisse. Au fil des tours, on prend confiance et
grâce au moteur exceptionnel on se surprend à effectuer de longues (?) glissades, comme les grands. La suspension arrière est réglée ferme, ce qui facilite ce style de
pilotage, mais aussi les weelings ! La RC30 n'en est pas avare, pas besoin de les chercher, il suffît d'accélérer et l'on est debout sur la roue arrière. C'est géant !
Mais le plus surprenant sur cette RC30 reste son moteur. A peine est il en marche que l'on sent les chevaux. Pas besoin de jouer avec l'embrayage ou les hauts régimes,
il suffit de tourner la poignée droite pour vous sentir catapulté vers le virage suivant. La boîte de vitesses, et ses rapports très rapprochés, vous permettent d'être toujours
sur le bon rapport, mais avec une telle plage d'utilisation, on peut se permettre d'être sur le rapport supérieur sans que cela n'influe sur le chrono.
A la limite, on gagne même du temps !
Bref ; que du bonheur !!!