L'opportunité de conduire la RVF championne du monde, la machine du HRC japon himself, l'idée ne m'affole absolument pas. Après tout, c'est comme enfourcher une
RC30 qui serait un "tantinet" affûtée. L'unique risque, c'est de se fâcher à vie avec tout le staff Honda en cas de boulette. On n'y pense même pas et on essaie de faire au
mieux, à commencer par ne pas se laisser hypnotiser par la force qui se dégage de la RVF, et capter plutôt tous les "signaux" autour de vous. J'ouvre bien grand mes
oreilles lors des ultimes conseils que m'adresse Chaplain.
Surtout tu démarres en prise car ça abîme la transmission sinon. "Pas de problèmes monsieur, j'veux bien faire tout ce qu'on me dit pour partir avec.
"Première en bas ou en haut ? ". Je ne percute pas dans la seconde.
"Heu... pardon ?
Oui, tu veux que je te mette la première en haut ou en bas ?
Ah, parce que vous pouvez faire ça sans outils, je demande niaisement ?
Oui bien sûr. On le fait bien à chaque relais pour les pilotes."
Excusez. Savais pas. Bon ben en bas, puisque c'est le grand luxe sur cette pétoire.
Moi aussi je pourrais être pilote d'usine alors ; y'a rien de sorcier !
Plus c'est court, plus c'est...
Allez, on démarre sur un filet de gaz en maintenant une pression sur l'embrayage,
pour ne pas faire brouter le moteur (première longue oblige). Une fois que la RVF a
décollé, on peut relâcher le levier gauche et roulotter dès 3 000 tr/mn. Mais sans
ouvrir trop brutalement, auquel cas le moteur engorge.
En fait, ce V4 fonctionne à partir de 5 000 tr/mn. Contrairement à ce que vous pensez,
ça laisse une belle marge d'utilisation puisque ses pilotes se cantonnent à rester
dans une plage comprise entre 8 000 et 14 000 tr/mn.
A 5 000, elle reprend super fort, compte tenu de l'ouverture "gentille" à la poignée, de
la cylindrée et de la définition Racing du moulin. Mieux qu'un moteur de série, c'est sûr.
Entre parenthèses, on aimerait bien avoir la même poussée à bas régimes sur une VFR par exemple. Quand on ouvre franchement, le bruit change. La sonorité devient
rauque, méchante : beaucoup de décibels filtrent par l'admission à l'ouverture des boisseaux (enfin... on pense que ce sont des boisseaux tellement il y a de secret autour
de ces carbus...), tandis qu'on envoie du pétrole. Pas de doutes : ça a l'air de respirer autre chose que du bambou !
J'opère quelques demi tours en série devant mon photographe. Première seconde, demi tour, première seconde, façon course en ville. Le V4 ne chauffe même pas,
puisque je lis 64-65° au thermomètre digital, précis au degré près. La chauffe c'était peut être le seul talon
d'Achille (en principe y'en a deux !) de la RVF. Mais depuis les 24 H du Mans, le circuit a été repensé : le
bouchon passé à gauche l'atteste, mais pas moyen d'en savoir plus auprès des japs.