D'abord cette moto s'impose par, son nom de code. Si je vous dis VFR750R, vous allez me répondre moto de route avec son monobras,
référence depuis 20 ans maintenant (cela ne nous rajeunie pas…) du sport GT !!! Mais si je vous dis RC30, alors là vos yeux commencent
à pétiller de bonheur et vos souvenirs vous sauter à la gorge ! Ca la met carrément en marge des banales motos de grande série.
RC30 ! Ce nom à lui seul évoque l'odeur du circuit, le son du V4, le palmarès extraordinaire de cette fabuleuse machine et l'aura qui
traîne encore autour d'elle aujourd'hui. La belle est vraiment hors du commun. Ne serait-ce de par son prix affiché à l'époque, mais aussi
par sa conception, sa technologie et tous les petits détails que vous pourrez observer sur la machine. Disons-le tout de suite : nous avons
ici affaire à une moto exceptionnelle !
La RC30 n'est pas une sportive étroitement inspirée d'une moto de course et que l'on pourra ultérieurement préparer pour faire de la
compétition. Non, nous avons ici une véritable moto de course, légèrement adaptée pour pouvoir éventuellement rouler sur la route. Ce
n'est pas une simple nuance, c'est un fossé qui sépare les deux conceptions. Même si au premier coup d'œil on perçoit déjà
effectivement la RC30 de façon un peu différente, c'est essentiellement en regardant les détails que l'on va pouvoir s'en persuader. Telle
qu'elle est, elle est pratiquement prête à 80% pour la course et sur bien des points sa " préparation " d'origine fera gagner de précieuses
secondes, voir des minutes au stands. Pour les perfectionnistes, Honda a proposé à l'époque, des Kits de préparations et de pièces tout
à fait stupéfiants. Le summum de la préparation de la RC30 représentait à l'époque l'équivalent d'environ 23000 euros !!!
Mais avant d'en arriver là, voyons plutôt comment la RC30 est dans son état purement de série.
La non plus, ce n'est pas triste...!!!
ESTHETIQUE
Rien à dire à propos de la RC30. On n'a qu'une seule chose à faire : admirer, se laisser subjuguer
et séduire. Pas donnée, rare aussi, la RC30 est véritablement une moto d'exception sur le marché.
Une moto tellement hors du commun, qu'eIle se préfigure comme la compé clients homologuée de
l'histoire. La RC30 est à la moto ce que serait à I'automobile une Ferrari de F1 dotée d'un certificat
des mines. Copie conforme de la RVF d'endurance, la RC30 est le must en matière de réplica... si
on peut encore la considérer comme une réplique. Aucune erreur, aucune faute de goût.
L'esthétique touche là au sublime. La moto est petite, râblée, compacte (on se croirait sur une 250 !).
Sa selle monoplace (sans le moindre espoir de loger un passager, pour y faire goûter les joies du
son de son moteur dans les tours !) et son carénage très compacte avec son double optique agressif
(qui aurait mérité les petits optiques de la version japonaise, pour la rendre encore plus rageuse !).
Tout est beau sur la moto !
FINITION
Plus encore que pour I'esthétique, je ne vois vraiment pas sur quel point on pourrait imaginer de critiquer la Honda. Pas
une seule fausse note. On passe des heures à lui tourner autour et on est toujours en train de découvrir des détails. On
peut se trouver parfois étonné de quelque chose, mais on s'aperçoit toujours par la suite de l'utilité du détail. On sent que
cette moto n'a pas été conçue par ceux qui travaillent habituellement sur les recherches à propos des motos de
tourisme. En revanche, on respire derrière chaque pièce I'odeur du HRC et de Honda R & D, Je ne voudrais pas revenir
sur des points purement descriptifs, mais des simples têtes de vis allégées pour gagner du poids, des écrous freinés,
des systèmes d'ancrage de freins, des démontages rapides de roues avant ou arrière, des réglages accessibles, du
soin délicat de n'importe qu'elle pièce même mineure ou complètement cachée, jusqu'au carénage très résistant en cas
de chute, on sent bien que la RC30 ne sort pas d'une chaîne ordinaire. Certes elle fait payer cela très cher, mais on
comprend très vite qu'avec elle on en a largement pour son argent... et même beaucoup plus.
COMMANDES
Toutes les commandes sont extrêmement fonctionnelles et très bien finies, comme les tés de fourche, le tableau de
bord extrêmement lisible, la poignée de gaz à tirage très court. Rien n'est rustique, tout est de très haut niveau et d'une
beauté totale. Et même si le levier d'embrayage est plus ferme que sur les autres motos, c'est parce que les ressorts le
plaquent avec plus de force pour supporter les contraintes. Certains pourront penser que parfois d'autres commandes
sont plus douces que sur la Honda, cela est vrai, mais pour un usage très pointu, ça manquera de ce petit plus en précision.
DEMARRAGE
Aucun problème, à chaud comme à froid elle démarre d'une simple pression du pouce droit sur le bouton de démarrage.
EMBRAYAGE
L'embrayage de la RC30 est viril ! La commande est ferme, voire assez dur, conjugué à une première très longue, qui la rend délicate en ville. Toutefois celui-ci rempli
parfaitement son office, en restant progressif et endurant dans le temps.
POSITION (route)
Utiliser cette 750 sur la route, c'est bien sûr très possible. Mais il faut savoir qu'il faudra
cravacher et que ce n'est pas de tout repos. La RC30 demande à être pilotées, et pas
simplement conduites, si vous saisissez la nuance. A ne pas confondre avec des roadster ou
des GT. C'est donc possible, mais alors la RC30 paie le plus lourd tribut à sa conception
exclusive de machine de circuit. Elle va se montrer spartiate : on à la même position au
millimètre près que sur la moto de Dominique Sarron (RVF de 1987). C'est une moto exclusive,
sans la moindre concession, et elle est donc la moins adaptée au tourisme.
POSITION (circuit)
Nous sommes sur le domaine de prédilection de la RC30. Certes, vous pouvez acheter cette
moto pour aller vous pavaner à la terrasse d'un café cet été, mais franchement vous manquez
vraiment quelque chose de grand. Donc si vous voulez aller traîner vos bottes sur les circuits,
la position offerte par la RC30 va s'imposer très naturellement comme la mieux adaptée. On
est instaIlé très en avant, mais bizarrement en roulant on va constater qu'on est assez peu en
appui sur les avant bras, peut être grâce a la pression de I'air devant le buste, ou a un effet de
" ventouse " aérodynamique derrière le dos. En tout cas la position est peu fatigante, mais
efficace en diable pour attaquer : transferts de masses très faciles; en déhanchant grâce à la
selle longue mais très bien dessinée, on se sent véritablement chez soi, et on a une sensibilité
extraordinaire de la direction ou de l'ensemble de la moto. C'est une sensation inoubliable de
faire corps à ce point avec une machine.
BOÎTE
La sélection de la RC30 est ferme. Mais à l'usage vous allez vous apercevoir qu'en fait la boîte
de la RC30 donne une précision incroyable, et que la fermeté devient un avantage lorsque l'on
est à I'attaque. Cela permet de bien sentir le passage de chaque rapport et qu'elle devient
d'une netteté exemplaire.
BAS REGIME
Les motos de course ne sont pas faites pour rouler à bas régime. OK, d'accord, avec elles, c'est plutôt gaz et banzaï !
La RC30, elle est très loin de sa soeur aîné la VFR750F, une référence dans le domaine. Les techniciens ont conçu là deux moteurs complètement différents. Sur la
RC30 le manque de couple est encore aggravé par l'étagement Racing de la boîte (première à 50%) et cela impose pour les démarrages, de ne pas hésiter à faire cirer
l'embrayage. Mais vous l'avez compris, une RC30 n'est vraiment pas faite pour se promener. Elle n'essaie même pas de faire un effort. Encore une fois elle apparaît telle
qu'elle a été conçue, dans le plus pur esprit de moto de compétition et sans la moindre concession.
PUISSANCE
Déjà les chronos sont éloquents : la RC30 pulvérise ses concurrentes de
l'époque. En fait avec une puissance nécessairement assez similaire puisqu'elle
est limitée par la législation, la RC30 prend l'avantage par sa carrosserie très
fluide et par l'excellent coefficient de pénétration dont elle bénéficie.
Mais au delà de l'aspect purement chiffre (en pointe), la Honda offre une
puissance démentielle dans sa façon de venir, et surtout elle est pleinement
exploitable. Vous avez un moteur très facile à utiliser dans la mesure où la
partie cycle lui permet de passer, puisqu'elle offre beaucoup d'adhérence et de
motricité. La RC30 est phénoménale dans les accélérations en courbes. Elle
est aidée en plus par sa boîte, dont la première à 50 % oblige certes à faire cirer
au démarrage, mais dont, ensuite, les rapports très serrés permettent d'être
toujours sur la bonne vitesse dans n'importe quelle courbe (et avec le son rageur du V4 dans les tours, vous avez en permanence la banane sous le casque !). Bref, rien
ne vous fera descendre de votre moto, sauf bien sûr pour ravitailler…
AGREMENT MOTEUR
Et si je parlais un peu des vibrations ? Sur la RC30 les vibrations sont uniquement localisées entre 7000 et 8500 tours. Là elles sont plus importantes, mais en dehors
de cela il n'y en a plus. En fait le moteur de la RC30 est le plus agréable parce qu'il est le plus performant en puissance, en vitesse, en accélérations.
Certes il offre les moins bonnes reprises, mais pour ce qu'on lui demande, c'est à dire d'être le plus performant possible, on l'utilisera très rarement en dessous de 8000
tours. Et alors là, il est devant.
Délirant de puissance mais jamais violent ni brutal, il est même doux à utiliser dans les tours malgré quelques à-coups de transmission. Avec lui on perd les repères
habituels de jugement d'un moteur de tourisme même très performant. On entre de plein pied dans un autre univers, celui de la course mes amis !
SUSPENSION AVANT
La fourche et la direction de la RC30 sont le must de cet essai à tous points de vue, même en ce qui concerne le démontage de la roue avant. Mais c'est surtout par son
efficacité (eu égard à la simplicité des réglages) que cette suspension étonne favorablement. Irréprochable ! Quant à la direction hyper précise, elle demande simplement
que le pilote impose sa volonté pour placer la moto. Encore une fois je répète qu'il faut piloter et non pas conduire la RC30 !
SUSPENSION ARRIERE
On peut trouver à l'arrière de la RC30 une certaine fermeté qu'on reprocherait à coup sûr à une moto de tourisme, mais ici au contraire, c'est plutôt une qualité ! Il faut bien
reconnaître que I'accord entre les deux suspensions est littéralement parfait. Cela contribue à rendre la machine encore plus efficace ! Sur les routes cela peut avoir des
inconvénients dans la mesure où cela rebondit un peu sur les mauvais revêtements (on sent le relief) mais ce n'est jamais dangereux ni gênant au pilotage (sinon en
terme de confort), puisque la stabilité (voir plus loin) n'est jamais prise en défaut. Par contre sur piste, alors là quel avantage et quelle domination !
STABILITE
Avec la RC30 on entre dans un autre domaine que celui des «banales» motos sportives. Sa conception est parfaitement réussie et à aucun moment elle ne donne le
moindre signe de guidonnage ou de louvoiement. Même si on essaie de provoquer une réaction en appuyant sur le guidon ou en bougeant sur la selle, on reste surpris
par son incroyable stabilité. Elle ne bronche pas. De la même façon sur les raccords de goudron transversaux ou longitudinaux, il ne se produit pas l'ombre d'une petite
réaction malsaine ou tout simplement étrange. Et même sur les routes bosselées la moto accuse certes le relief, mais elle ne se dérobe à aucun moment. Nous
touchons la aussi un des points fort de la RC30 et pour celui qui saura l'utiliser, elle vous le rendra au centuple !
FREINS
Encore une fois la RC30 mérite tous les éloges, tous les superlatifs en ce
qui concerne le freinage. On n'a encore jamais rencontré une moto
fabriquée en série qui freine aussi bien, aussi fort, avec autant de précision
(mais il est vrai que qu'aujourd'hui les motos sportives ont atteints de tel
sommet…). J'irai même jusqu'à dire que c'est aussi performant que les
freins spéciaux de bien des motos de course (Lockheed, Brembo...). Non
seulement il y a la puissance, mais aussi le comportement d'ensemble de
la moto lors des freinages : aucune amorce de dribblage de l'arrière qui
conserve une rare efficacité. La moto s'asseoit très bien au freinage sans se
déstabiliser. C'est super progressif et il n'y a pas d'amorces de blocage.
Quant au comportement du freinage en courbe, si on note une très minime
tendance de la moto à vouloir se relever, la précision reste hors du commun,
et on continue à maîtriser parfaitement.
MANIABILITE
La RC30 est très limitée par son rayon de braquage, et il faut s'y reprendre à plusieurs fois pour faire
un demi-tour serré. La RC30 n'est pas faite pour aller traîner en ville... elle est dure à emmener, mais
elle devient toutefois diaboliquement efficace dans les enfilades serrées dès lors que l'on décide de
la piloter en force.
TENUE DE ROUTE
Rien à reprocher à la RC30. C'est la tenue de route par excellence. Le comportement parfais : très
bon accord de suspension, garde au sol rassurante (même si les reposes pieds raclent en courbes
et auraient mérités d'être un peu plus haut !), rigidité absolue, précision hors du commun. La RC30
est à son aise dans toutes les sortes de courbes imaginables, sur n'importe quel type de tracé.
D'une neutralité complète, cette moto est sécurisante et permet de reculer les limites. Le pilote
pourra toujours faire des erreurs, mais ce n'est en aucun cas la moto qui le piègera. Elle est hors
d'atteinte de la critique. Le vrai pied !
USAGE ROUTIER
Si je vous dis que la RC30 n'est pas une moto de route, même à tendance très sportive, vous ne serez pas étonnés. Vraie moto de course dans son esprit, elle est
naturellement moins à l'aise sur les nationales ou départementales. A la rigueur elle s'accommodera des autoroutes allemandes où la vitesse n'est pas limitée. Ce n'est
pas qu'elle manque de confort : sa selle très large bien dessinée, accueillante, où on y est bien installé, mais simplement elle est très raide sur les vaguelettes de
goudron, sur les imperfections de revêtement, bref sur tout ce qui n'est pas la piste d'un circuit. Et puis il faut bien le dire et le répéter : ce n'est pas une moto que l'on peu
se contenter de conduire. Une RC30 MÔSSIEUR, cela ce pilote !!! On ne va donc pas acheter une RC30 pour aller rouler sur la route ou chercher son pain à la
boulangerie du coin ! Du coup tant pis si elle n'est pas très à l'aise !
SUR LA PISTE
D'origine, la RC30 est de loin, la plus apte au circuit. Cela dit quand même, il reste un problème : car telle qu'elle est d'origine, la RC30 n'est tout de même pas prête à
courir. Il y a des pièces spéciales, des Kits, et selon ce que l'on veut faire, dans la mesure où d'autres vont acheter ces pièces, il vous faudra vous aussi trouver ces
pièces pour être un minimum dans le coup. La note risque d'être fort salée…mais alors quelle bonheur que de l'avoir entre les jambes. Vous voilà d'un seul coup devenu
pilote d'usine, si bien sûr votre pilotage le permet…
PRIX
La RC30, à sa sortie, atteignait des sommets difficilement accessibles à la majorité. La différence est telle que si l'on se contentait de "mesurer" le prix en terme de
rapport avec les performances, ou le poids (ou toute autre chose d'aussi stupide) on serait amené immanquablement à la noter de façon négative. Quelle injustice alors !
Car il faut juger en fonction de ce qui est offert. Et là on ne la trouve plus aussi chère !
Aujourd'hui les tarifs ont bien baissés. Mais pour une moto de 20 ans, ceux-ci restes tout de même élevés. On trouve sur le marché de l'occasion, des RC30 ayant un
kilométrage relativement faible en configuration stock, pour un prix oscillant entre 11000 à 13500 euros.
Mais si vous ne recherchez pas forcément la perle de concours, alors vous pourrez avec un peu de chance, en trouver une pour un prix oscillant entre 6000 à 10000 euros,
selon l'état, et si celle-ci a courue (Kit HRC, préparation, etc.) ou non !